samedi 19 décembre 2009

BACH - Oratorio de Noël / Fritz Münch



Au risque de manquer d'originalité en cette période de l'année, voici cette semaine un disque de circonstance qui a le mérite de nous rappeler l'action menée par les membres de la famille Münch au siècle dernier à Strasbourg pour la perpétuation du culte de Bach.

Jean-Sébastien BACH
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Oratorio de Noël (2e Cantate), BWV 248
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Sinfonie - Rezitativ (évangéliste, ténor) - Choral - Rezitativ (évangéliste, ténor ; l'ange, soprano)
Rezitativ (basse) - Arie (ténor) - Rezitativ (évangéliste, ténor) - Choral - Rezitativ (basse)
Arie (alto) - Rezitativ (évangéliste, ténor) - Chor - Rezitativ (basse) - Choral

Eugénie Lorentz (soprano), Lucie Rauh (alto)
Hugues Cuénod (ténor), Dominique Weber (basse)

Choeur de Saint-Guillaume de Strasbourg
Orchestre Municipal de Strasbourg
(orgue : Charles Muller)

direction Fritz Münch

Enregistrement publié en 1957
Edition originale : 33t Lumen LD 3.115

Liens
FLAC ou MP3 mono
Le texte chanté peut être consulté à cette adresse : http://webdocs.cs.ualberta.ca/~wfb/cantatas/248II.html

Fritz Münch et son frère Charles (le célèbre chef) ont été élevés dans une famille alsacienne protestante musicalement vouée à la défense de l'oeuvre de J.-S. Bach. Le père de ces deux musiciens, Ernst Münch (1859-1928) est organiste et chef d'orchestre. Après ses études musicales achevées à Berlin dans les années 1880, il revient en Alsace et fonde les choeurs de Saint-Guillaume de Strasbourg (qui deviendront un ensemble hautement estimé) et les dirige pendant plus de quarante ans. Son frère Eugène (1857-1898) suit un parcours analogue à Mulhouse, à la tribune de l'orgue de l'église protestante Saint-Etienne et à la tête de la Société du Chant Sacré. Ernst Münch est également professeur d'orgue au Conservatoire de Strasbourg puis directeur de cet établissement après le rattachement de l'Alsace à la France en 1918. Il consacre l'essentiel de son action à l'étude et à l'interprétation des pièces de J.-S. Bach comme le raconte Charles Münch :
« Mon père avait fondé les Concerts Saint-Guillaume. Bien avant que Bach eût été découvert, édité et universellement glorifié, on y chantait ses cantates et Passions. Il paraît que je chantais joliment, étant petit garçon, si joliment qu'un dimanche, à Noël, j'ai dû chanter en solo pendant un service, accompagné à l'orgue par mon père, le choral "Du haut du ciel". La terreur me paralysait. C'était affreux. J'étais incapable d'articuler le moindre mot et, aujourd'hui encore, je n'ai pas oublié le cauchemar de ce triste début.
» Dès mon jeune âge, mon père me fit entrer dans les choeurs. J'ai appris ainsi le solfège et les premiers rudiments de la musique sans m'en douter. Il est vrai que j'étais à bonne école. Albert Schweitzer tenait l'orgue, Charles-Marie Widor et Gustave Bret venaient à Strasbourg écouter les concerts Saint-Guillaume.
» Je participais aux répétitions et j'écoutais ces maîtres discuter âprement sur des détails d'exécution, si violemment parfois que notre mobilier était en danger. La musique ancienne dont, en général, les nuances ne sont pas notées sur la partition, fournissait le prétexte de controverses passionnées ; l'on passait en revue les opinions des grands musicologues, les solutions adoptées par d'autres chefs. Finalement, on oubliait tous les raisonnements pour laisser uniquement parler son coeur. C'est ainsi, je crois, que j'ai appris à aimer la musique. »
Fritz Münch (1890-1970) suit fidèlement les pas de son père : il prend la tête des choeurs de Saint-Guillaume dès 1924, puis devient directeur du Conservatoire de Strasbourg dès 1929 (il occupera ces deux fonctions jusqu'en 1961). La carrière de son frère Charles (1891-1968) est suffisamment connue pour que je n'en dise rien, si ce n'est qu'il fut lui aussi un interprète infatigable de Bach tant à Paris qu'à Boston : le nom de Bach figure très régulièrement aux programmes de ses concerts de l'OSCC, et les archives sonores du BSO regorgent de brandebourgeois, passions, cantates, etc. Leur cousin Ernest-Geoffroy (1888-1944) -- presque leur frère car il fut adopté par Ernst après le décès prématuré d'Eugène -- est lui aussi musicien, chef d'orchestre à l'Opéra de Strasbourg ; il est l'auteur d'une orchestration de l'Art de la Fugue.

On entend ici Fritz Münch diriger la 2e cantate « Pastorale » de l'Oratorio de Noël à la fin de sa carrière, selon bien sûr les canons d'interprétation de cette époque : les tempos modérés, les effectifs fournis et la vision d'ensemble romantique font de ce disque un témoignage d'un autre âge aujourd'hui ! Fritz a également enregistré une version intégrale de la Messe en si pour Decca (juin 1958, stéréo), ainsi que plusieurs faces de 78t Odéon consacrés à Bach (sans oublier un peu de Mozart et Honegger).

Vous noterez que les étiquettes centrales des deux faces ce disque font apparaître le nom de Janine Micheau en plus de celui d'Eugénie Lorentz. Deux sopranos pour cette 2e cantate de Noël ? C'est une de trop dans une oeuvre qui ne compte qu'une seule intervention de soprane dans le 2e récitatif, en duo avec le ténor. Puisque je n'ai pas reconnu la voix de J. Micheau et que de surcroît son nom, pourtant célèbre, n'est mentionné nulle part sur la pochette du disque, j'ai conclu qu'il s'agissait d'une erreur graphique commise par le concepteur des étiquettes centrales (cette erreur se comprend aisément car Janine Micheau apparaît bien dans un enregistrement contemporain des mêmes musiciens, la Litaniae de venerabili altaris Sacramento de Mozart, parue sous la référence Lumen LD 3.116).

1 commentaire:

Fred a dit…

Hi Benoit,

Interesting offering here..I never knew that the great Charles Munch had such a talented brother. I do wish that Lumen had recorded this cantata in better sound.

Happy Holidays,

Fred